Dianne Reeves

Dianne Reeves, par sa voix, sa technique vocale, sa sensibilité, son swing, son goût pour la chanson, est sans conteste lameilleure chanteuse de jazz actuelle. Mais When you know n’est pas son meilleur disque. On n’hésite pourtant pas un instant à le décorer de quatre clés, car cet album dépasse de plusieurs coudées ce qui se publie en jazz vocal, le genre qui sauve l’industrie de la débâcle. C’est un disque dont le répertoire évoque plus Roberta Flack ou Dionne Warwick que Sarah Vaughan ou Ella Fitzgerald, un disque entre pop et soul pour amoureux de la voix et de l’amour clamé ou murmuré. Le succès du filmGood Night, and good luck, de George Clooney, où elle apparaissait longuement et qui lui valut en 2005 un Grammy Award de plus, il fallait nécessairement l’exploiter par un album grand public.

Chansons connues (Windmills of your mind, Midnight Sun, I’m in love again, Once I loved) ou qui vont le devenir, arrangements enveloppants, cordes, guitares discrètement brésiliennes, tout le bazar du confort et du réconfort. Dans ces satins et soies, la voix de Dianne Reeves, le sort qu’elle fait aux paroles avec une rare intelligence de ce qu’elle chante comme si elle savait tout de l’amour, tourments et joies, concourent à vous emporter dans un rêve de musique qui compense les duretés de la vie par la beauté et la tendresse. Si tout cela était un peu moins « produit », on aurait là un chef-d’oeuvre du jazz vocal.